Tour des Annapurnas

Publié le par sophievoyage

 

Arnaud parti, je file a Pokara. Huit petites heures de trajet, dans un bus pour « touriste », c’est-à-dire que chacun a son siège, qu’il n’y a pas 30 personnes sur le toit et que les chèvres ne sont pas admises !! Aujourd’hui, pour la première fois depuis 2 semaines, il fait grand beau, le soleil, enfin ! Tout au long de la route les sommets enneigés se dévoilent, superbes, grandioses. Le premier soir à Pokara, le coucher de soleil est incroyable : la chaine des Annapurnas empourprée des rayons du couchant et pas un seul nuage. Je passe quelques jours d’oisiveté dans cette ville ou tout invite au repos : les bords du lac si apaisants, les bons resto pas chers, les gens...Le temps est a nouveau mauvais,  je retarde mon départ pour le trek et puis ma cheville foulée maladroitement dans les rues, me dit qu’un peu de repos lui ferait du bien ! Lundi 15 novembre, j’en ai marre de ne rien faire et décide de partir pour le trek des Annapurnas. Ce matin, le temps est toujours aussi pluvieux, j’espère juste qu’il s’améliorera de l’autre coté de la vallée. Arrivée à Besi Sahar, on se regroupe entre trekkeurs pour pouvoir prendre une jeep jusqu’à Chyamche, je fais la connaissance de Martha et Fausto, un couple d’italien, ainsi que Flavien, francais, Simon, Josephine et Favole, Allemands. Le trajet chaotique de 3 heures  nous permet de faire plus ample connaissance. Arrivée au village, on se retrouve tous dans la meme guest-house, le groupe est formé !!

Mardi 16 novembre, 07h00, on commence à marcher sous les nuages...espérant et priant pour une éclaircie...qui ne viendra pas. Chacun marche à son rythme et on se retrouve pour les pauses et le repas de midi, ca me va bien. En fin de journée, Julie, francaise et Sam, anglais,  se joignent à nous, le groupe s’agrandit ! Le jour suivant se passe également sous les nuages, le chemin suit le fond de la vallée, les sommets si proches restent invisibles...quelle déception ! Ce soir, on dort à Chame, gros village pour touristes installé au bord d’une riviere tumultueuse. En fin de soirée (c’est-à-dire, 8 heures pour les trekkeurs), je sors me brosser les dents et la, Oh surprise !! Le ciel est dégagé, les étoiles scintillent dans le froid nocturne ! Il fera beau demain c’est certain ! Je rameute tout le monde. Le lendemain matin, 05h30, le réveil sonne, je jette un oeil par la vitre, c’est gris...Je me renfonce dans mon duvet, puis une idée me traverse l’esprit : essuyer la vitre ! Ah oui, de suite ça change tout : il fait beau !!! je saute du lit, réveille mes collègues de chambre : le ciel bleu, les premiers rayons de soleil allument déjà les montagnes. Le petit-déjeuner tarde à etre servi, je trépigne d’impatience à partir marcher. Le chemin est toujours en fond de vallée, un coup à droite, un coup à gauche, on traverse des ponts suspendus régulièrement. Une route est en construction, parfois le chemin l’emprunte. C’est impressionnant de voir les ouvriers creuser la roche juste avec un marteau piqueur, des pioches et des pelles, c’est un vrai travail de forcat. En fin de journée, la vallée s’élargit considérablement, on arrive au village d’Upper Pisang pour y passer la nuit. C’est un petit village pas que pour touristes, authentique, avec des maisons en pierre, des fenetres en bois sculptées et un monastère. Dans ce dernier, on assiste à une cérémonie, tout le village est là, c’est un jour particulier. Les femmes sont assises par terre au milieu et les hommes sur les cotés. Tout le monde a reçu un sac de gateau et autres bonbons, même nous ! Les Népalais, entre 2 prières, papotent, rigolent, mangent pendant que les moines recitent les mantras. Notre lodge a une vue imprenable sur l’Annapurna 3 ( il y a 7 sommets appelés Annapurnas). Je dors la tête sous une fenêtre malgré le froid pour pouvoir ouvrir les yeux sur ce sommet au petit matin !  Vendredi,  ce matin, on attaque par 300 m de dénivelé positif bien raide, ca réveille ! Au bout de cette interminable montée, la récompense : le village de Ghyaru, tout aussi beau que le précedent. Le chemin se poursuit en balcon avec des vues magnifiques sur la vallée jusqu’au village de Nawal. Juste devant le resto où l’on s’arrête pour le lunch, un taurillon est en train d’agoniser, complêtement ballonné, je préviens un gars que ce taureau est en train de mourrir, il part chercher les proprio, qui reviennent avec de la nourriture et de l’eau...Je leur demande s’ils me laisseraient tenter quelque chose : trocarder le rumen avec mon opinel, vu que je n’ai rien d’autre. Malheureusement, ca ne le sauvera pas, du gaz s’échappe certes, et le dégonfle un peu mais il est complêtement bouché...Et ici, on n’achève pas les animaux, interdit par la religion...on attend qu’ils meurent. Le tenancier du resto me dit qu’ici c’est fréquent que les vaches meurent d’occlusion; faut dire qu’elles n’ont pas grand chose à se mettre sous la dent et bouffe tout, même le bois. L’après-midi est longue, après le repas, je n’aime pas marcher, je ne pense qu’à une chose : arriver à destination. Du coup, je marche vite, pas de photos, pas de pause, je veux arriver ! Vers 14h, enfin ! Manang !  Joli et grand village, à 3600 m d’altitude, où les randonneurs font étape un ou deux jours pour l’acclimatation. Samedi, c’est Chabat ! Journée glandouille, je vais juste me promener sur les contreforts d’une moraine pour voir le village d’en haut, puis les long du lac juste en contre bas du glacier. Je réussis à trouver une vieille bande de « tensoplast » au centre « Himalayan Rescue » pour strapper ma cheville, un peu douloureuse mais qui ne m’empêche pas de marcher du moment que je reste dans l’axe de l’articulation.

Le lendemain, départ pour le camp de base du lac Tilicho, 7 heures de marche, la journée va etre longue. Les cartes sont complêtement fausses, on a du se faire expliqué le chemin par des guides. A ce propos, TOUTES les cartes de rando vendues au Nepal sont fausses : elles mentionnent des chemins qui n’existent pas ou n’existent plus ou encore ne mentionnent pas les chemins qui existent !! Surtout ne jamais se fier aux cartes ici ! Toujours demander l’itinéraire ; et la carte du circuit des annapurnas est sans doute la plus fausse !  Résultat : 3 trekkeurs se sont retrouvés bloqués dans une zone de glissement de terrain au milieu de plaques de verglas sans possibilité de faire demi-tour. Bref, on suit le chemin indiqué par les villageois de Khangsar, ça grimpe, c’est fatiguant puis le sentier suit les courbes de dénivelé, reposant...jusqu’à l’arrivée dans la « landslide area », zone de glissement de terrain. C’est impressionnant : le chemin traverse sur plus d’un kilometre une pente très raide faite d’éboulis. Par endroits, le voie disparait presque et on sent que le sol est instable. L’erreur n’est pas permise, et pas question d’avoir le vertige non plus : la chute se termine plusieurs centaines de mêtres en dessous dans la rivière et il faut egalement surveiller le haut car des rochers se détachent regulièrement !! Quand on atteint le panneau « thanks », on sait que le plus dur est passé !! mais pourquoi ont-ils écrit « thanks » ?? Merci de ne pas vous être tuer ??  J’arrive au camp de base éreintée. Le choix du lodge est facile : il n’y en a que deux, toutes aussi pourries l’une que l’autre !  La nourriture est vraiment mauvaise, il fait froid, les gens se tassent autour du poèle. L’ambiance est conviviale, tout le monde se connait, on est plus de 25, tous la même tranche d’age, tous voyageurs indépendants regroupés volontairement le temps d’un trek. C’est un peu une colonie de vacance auto-gêrée pour grands enfants ! Le concept fonctionne plutot bien : chacun reste parceque ça lui convient et est libre de se séparer du groupe quand bon lui semble. Habituellement, je n’aime pas les groupes, je les fuis même, pourtant dans ce cas, j’apprécie vraiment !

Lundi matin, direction le lac Tilicho, 800 m de dénivelé à faire, soit pas grand chose, sauf que l’on est à 4100 m et que le manque d’oxygène se fait sentir. Heureusement, on n’a pas les sacs car c’est un aller-retour. La première heure de marche est difficile, puis je trouve mon rythme, mes compagnons peinent beaucoup plus moi, j’ai l’avantage de mes précèdents treks. Le lac surgit d’un coup, de derrière une petite colline, immense et d’un bleu intense, d’une beauté incroyable. Le vent glacial qui souffle fait tomber la tempêrature sous la barre du zéro, le temps de prendre une photo et les doigts commencent déjà à geler ! Après un petit thé bien chaud dans la cahute près du lac, je vais me promener sur ses bords. Je croise Fausto qui part faire un petit jogging, vraiment!! La montée ne l'a pas assez défoulé!  Une des berges est une immense plage, abritée du vent, je flane un bon moment , jusqu’à trouver un bel endroit où me poser pour admirer un des plus grands et plus hauts lac du monde. La journée est bien avançée, je n’ai pas envie de partir malgré le froid, cet endroit est si beau que j’ai du mal à m’en arracher. Sur le chemin du retour, je rencontre une autre âme errante : Daniel, un brésilien, on discute 5 minutes puis je le laisse à sa comtemplation pour prendre le chemin du retour avant que le soleil ne passe derrière les montagnes. Quand j’arrive au lodge, tout mon groupe est parti, je le savais plus ou moins mais ca me fait bizarre de me retrouver seule. Ils ont préferer reprendre la route pour ne pas passer une deuxieme nuit ici, alors que moi j’ai fait le choix de profiter longuemment du lac. Je change de lodge et me trouve un groupe d’adoption composé de Daniel, Clara et Kevin, Argentins, Massa et Marie, Japonais, et Claudia, Suisse. Finalement, c’est sympa aussi de faire de nouvelles rencontres ! On passe la soirée à jouer aux cartes.

Mardi matin, je commence tot, la perspective de re-traverser la « landslide area» ne m’enchante pas. Je me sens fatiguée et mes jambes ont du mal à me porter. Sans compter mon sac à dos, toujours aussi lourd...Je m’y suis habituée, certains jours je le trouve même plutot léger mais quand je compare son poids à celui de ceux de mes petits camarades de rando et bien je gagne à tous les coups : j’ai le plus lourd !! Alors que je n’ai même pas de sêche cheveux, contrairement à Martha !! Bref, je prends sur moi, évite de regarder en bas et me depêche de sortir de cette zone dangereuse. A la pause, je retrouve Daniel et Claudia et continue la route avec eux. Le reste de la journée est plutot facile. Je passe la soirée à Yakarka avec mon groupe d’adoption.

Le jour suivant, je pars avant les autres. Je traverse le village de Ledi et juste à la sortie je tombe sur Martha et Fausto qui commencent juste à marcher, c’est des retrouvailles comme si on ne s’était pas vu depuis 10 ans !! Tout le reste du groupe est là aussi, je suis contente ! On va jusqu’au camp de base de Thorong La pass, le célèbre col du tour des annapurnas qui est le point le haut du trek. Il n’y a qu’un lodge, tout le monde est là, tout les gens rencontré depuis plus d’une semaine sont réunis ce soir. Tout le monde va se coucher tot, demain matin départ très matinal pour l’ascension finale. Ma nuit est mauvaise, je n’arrive pas à dormir. Dès que je me tourne sur le coté, je m’etouffe, je n’arrive pas respirer, surtout ne pas s’affoler, ne pas s’angoisser, sinon ça sera pire. Je me mets sur le dos et essaye de respirer calmement, profondement, façon yoga. Mais rien n’y fait, mon organisme me hurle qu’il veut plus d’oxygène. J’arrive à dormir un peu entre 3h et 5h. Finalement, j’ai hâte que le réveil sonne, que cette nuit finisse. Je me lève fatiguée, heureusement, il n’y a que 2 à 3 petites heures de montée. Je me sens mieux quand je marche, le manque d’oxygène me pêse moins, paradoxalement. Vers 10h, j’arrive à Thorong La Pass, 5400 m d’altitude, le temps est beau et sans vent. Tout le monde arrive petit à petit et se congratule joyeusement d’être enfin ici. Après plus d’une heure passée au col, on entame les 1600 m de descente jusqu’au village de Muktinak. Je dévalle la pente en trottinant et sans aucune douleur dans les genoux, trop contente !! Le soir, au village, on se retrouve tous pour la dernière fois à l’hotel « Bob Marley », c’est la course pour être le premier dans la douche !!

Vendredi 25 novembre, une page du trek des Annapurnas est tournée, les routes des uns et des autres se séparent. Avec Martha, Fausto et Julie, on continue a pied jusqu’au village « médiéval » de Kagbeni. C’est un tout petit village aux ruelles étroites avec en son centre un petit fort en ruine, construit en terre et maintenant investit par les habitants. Kagbeni marque aussi l’entrée de la vallée du Mustang, ce royaume perdu du Népal et longtemps fermé au tourisme. On peut maintenant s’y rendre moyennant un permis de trek de 50 Dollars par jour !! Le lendemain, on continue à pied jusqu’à Marpha, le sentier suit la vallée de la Kali Gandaki, un fort vent souffle de face et rend la marche longue et pénible. Marpha est un joli village, bien restauré, il fait bon y rester pour se reposer un peu et déguster de délicieuses tartes aux pommes ! On décide ensuite de prendre le bus pour se rendre à Tatopani car il n’y a pas trop d’intérêt a marcher sur la route à coté des bus et jeep avec le vent. Le seul attrait de Tatopani, ce sont ses sources d’eaux chaudes bienfaitrices pour les muscles endoloris du trek !! Quel plaisir de se délasser dans une eau bien chaude.

Apres Tatopani, je décide de continuer à marcher. Et non, je n’en ai pas marre ! Je pars vers Ghorepani, ca monte drolement et surtout, horreur , ce ne sont qu’une succession de marches, l’enfer !  Je déteste les marches, 1000 m de dénivelé rien qu’en marches, je regrette mon choix...Je passe la nuit à Chitre. Le jour suivant, je passe à Ghorepani mais ne fais pas le detour jusqu’à Poon Hill, fameuse colline avec une vue sur l’Himalaya car le temps est nuageux. Je rencontre un groupe de jeunes Népalais, ils sont 18, tous de la même classe et sont partis faire un trek pour 5 jours. Ils sont habillés en jeans, chaussures de ville, style converse ou autre, blouson et gel dans les cheveux, et n’ont rien d’autre que leur sac de classe. L’un d’eux m’explique que c’est la première fois qu’ils font ce genre de week-end et qu’ils n’avaient aucune idée de ce qu’il fallait emporter et que c’est pour ca qu’il est en savates !! Je m’arrête à Tadapani et eux continuent jusqu’à Gandruk alors qu’il commence à faire nuit et à pleuvoir.

Le levé de soleil à Tadapani est incroyable. Je fainiante dans mon lit en me disant que ca ne sert à rien de se lever trop tot vu que le temps doit être mauvais, lorsque j’entends quelqu’un taper à la porte d’à coté et dire « wake up ! The sun rise is amazing ! we can see the mountains ».  Ni une ni deux, je tombe du lit, saute dans mes fringues, prends mon appareil photo et cours sur la terrasse. Effectivement, le spectacle est grandiose : les Annapurnas et le Machapurcha à gauche et juste devant nous, l’astre solaire se dévoilant lentement en enflammant le ciel d’orange et de jaune. Je quitte Tadapani pour rejoindre Gandruk. Le sentier menant jusqu’à Gandruk traverse une « jungle »  merveilleuse et féerique, les rayons du soleil transpercent le couvert des arbres dans un jeu d’ombres et de lumières irréel. Gandruk est un grand village, très étalé. J’y passe facilement deux à trois heures à me perdre dans les petites rues avant de continuer jusqu’à Syauli Bazar, dernière étape et dernière nuit avec le Machapurcha en fond avant de quitter définitivement les montagnes himalayiennes. Le lendemain, je n’ai que deux petites heures de marche pour rejoindre l’arrêt de bus. Je ne suis pas pressée d’y arriver, je profite de cette dernière marche, en me retournant regulièrement pour voir la vallée se refermer sur les Annapurnas. J’arrive en debut d’après midi a Pokara, direction un bon resto au bord du lac ! Le dernier trek est fini.

Je reste quelques jours a Pokara pour me reposer un peu et trouver le moyen de me re-fouler la cheville, encore plus gravement que la fois précédente. Comment est ce possible de faire trois semaines de trek sans que rien ne se passe et de ne pas être capable de faire trois pas dans une rue un peu chaotique ???!!! Je retrouve Julie, Fausto, Martha, Sam et d’autres pour des soirées restaurant. Le temps n’est malheureusement pas beau: nuages et brume tous les jours, moi qui espérais revoir la chaine des Annapurnas comme au premier jour; je partirais sans les avoir vues, tant pis ! Direction le sud du pays.

 

 

 

Publié dans Népal

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S
Tiens, là aussi ils trocardent les rumen à tout va, mais ils ont des bouchons pour après !<br /> http://letsgowest.uniterre.com/156333/Soins+en+pature.html
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S
Tiens, là aussi ils trocardent les rumen à tout va, mais ils ont des bouchons pour après !<br /> http://letsgowest.uniterre.com/156333/Soins+en+pature.html
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S
Superbes photos de ton trek des anapurnas.<br /> bon article.<br /> <br /> j'ai hâte de t'entendre nous raconter tout ça de vive voix
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