Désert de Gobi 2
Mercredi matin 8h, on quitte UB sous la pluie direction le sud, dès la sortie de la ville, on se retrouve sur une piste chaotique, boueuse, on est balloté dans tous les sens et il en sera de même pendant toute la durée du voyage! Je fais connaissance avec mes compagnons de route: une coréenne et son fils de 10 ans ( impossible de retenir leurs noms, trop compliqué!); Evan, new-zélandais; Zelna, sud-africaine qui vit en Corée du Sud et Emy, anglaise qui vit en Australie, toutes deux sont prof d'anglais; ainsi que notre chauffeur et Alyona qui est là pour préparer les repas. Les heures défilent au gré des paysages, pour l'instant c'est la steppe bien verte avec ses troupeaux de moutons et/ou chèvres et chevaux ça et là. L'herbe sens bon, c'est un mélange de thym, de serpolet et je ne sais quoi d'autre qui embaume dès que l'on sort du bus. La journée défile, imperceptiblement l'environnement change: l'herbe se fait plus rase et plus éparse. Vers 17h, enfin on arrive au premier site: un empilement de roches stratifiées. L'endroit est sacré, il y a des ovoos partout et les ruines d'un petit monastère. Au début du 20 ième siècle, la Mongolie était majoritairement boudhiste, mais l'arrivée du communisme dans les années 1920 a mis un grand coup de frein en détruisant tous les monastères et en exécutant les moines. Dans les années 1990, le régime change et les religions sont de nouveau autorisées. Quelques monastères ont été reconstruits et les mongols se partagent entre le chamanisme, qui renait de ses cendres depuis quelques années avec l'aide de la curiosité occidentale, et le boudhisme tibétain; voir parfois un mélange des deux! Mais il y a très peu de lieux de cultes une fois sorti des villes, contrairement à d'autres pays, et chacun pratique sa religion comme il veut. Mes compagnons ne voient pas trop l'intérêt du site et restent sur le parking à coté du bus! J'en profite pour m'attarder, seule, au milieu de ce décor superbe qui dégage une energie formidable. Les photos ne rendent malheureusement vraiment pas la beauté du lieu...et d'ailleurs, aucune photo n'arrive à capter vraiment l'immensité des paysages.
On arrive dans la première famille d'acceuil. Ils nous offrent de l'Airag, c'est du lait de jument fermenté. Franchement, je ne suis pas difficile, mais je trouve cela imbuvable: c'est aigre et acide en même temps. C'est l'heure de la traite, je pars les aider à attraper moutons et chèvres et à traire aussi! C'est physique et usant pour le dos et les mains mais je passe un bon moment. Les conditions d'hygiène sont précaires: un sceau à la propreté douteuse posé à même le sol, les poils d'animaux qui tombent dedans, et en plus, il faut tremper les mains non lavées dans le lait pour humecter les trayons afin que ça soit plus facile! Le lait est bouilli avant utilisation mais ça doit être un peu tout ça qui fait le goût! Pour revenir à la yourte, j'ai droit à un petit tour en moto russe, à 4 dessus bien sur! Après le repas, le père de famille ramène une chèvre pour les futurs repas...Attention, ce qui suit peut heurter la sensibilité de certains! Dans ce cas, passez directement au paragraphe suivant mais la déformation professionelle m'oblige à vous raconter ça: La technique de mise à mort est particulière: il incise la peau juste en dessous de l'apophyse xyphoide, plonge sa main dans les entrailles, passe le diaphragme pour aller entailler l'aorte. L'animal meurt d'hémorragie dans les minutes qui suivent. Cela ne semble pas être trop douloureux, en tout cas pas plus que de se faire taillader la gorge...Ensuite, il découpe la peau, la décolle; ouvre l'abdomen, enlève les organes et viscères les uns après les autres, très proprement, en faisant attention à ce que le contenu des estomacs ne souille pas la viande. Le sang coagulé dans les poumons est aussi récupéré. Puis, il découpe la carcasse de l'arrière vers l'avant. Les femmes s'occupent de nettoyer tous les boyaux à l'eau chaude. Et je suis un peu étonnée de ne voir aucun parasite trainer dans les estomacs, ni le foie! Rien n'est perdu, tout sera mangé (muscles, poumons, coeur, foie, reins, tripes) et la peau et les intestins vendus, en un peu plus d'une heure tout est fait et la viande mise à sécher sur le toit de la ger. Le grand père est un peu surpris de me voir suivre le déroulement des évènements aussi attentivement et me dit que mon mari aura de la chance car je saurais tout faire!!
Ce soir, le ciel est rempli d'étoiles, aucune lumière ne vient perturber la voute céleste si ce n'est un beau levé de lune.
Les jours se suivent et se ressemblent: de la piste cabossée encore et toujours. Les distances à parcourir entre chaque site sont grandes ( environ 200 à 300 km) et la moyenne est de 40 km/h. Je savais que la Mongolie était un grand pays qui ne se parcoure pas facilement, mais ce voyage me permet de prendre vraiment conscience de la difficulté à rallier deux endroits!! Maintenant, on est vraiment dans le désert: un sol rocailleux et des buissons secs, je me demande comment les chèvres arrivent à être en si bon état avec le peu qu'elles ont à manger! En fin de matinée, le bus qui fait route avec nous perd sa roue arrière ( les passagers l'ont vue passer devant le bus!!) , c'est l'essieu qui a cassé. En France, ca signerai la fin du voyage, le rappatriement, ici rien de tout ça: les chauffeurs s'y mettent à deux et en 2 heures le bus a une roue toute neuve!! Ils savent tout faire niveau mécanique et tous les soirs au camp, on les verra démonter les roues, les remonter, trafiquoter le moteur, les freins...Les bus russes sont increvables et passent vraiment partout mais tellement vieux qu'il y a toujours des réparations à faire! Aujourd'hui, on visite des falaises multicolores avec une vue imprenable sur le désert. Ici, c'est le paradis des faucons: il y en a partout, chaque faille, chaque trou un peu haut est occupé par un couple. Ce soir, la famille qui nous accueille possède un troupeau de chameaux, on assite à la traite: un tétine pour le petit et l'autre pour le seau, très peu de lait est prelevé sur chauqe femelle. Les petits restent attachés toute la journée, les mères se promènent à leur guise et reviennent le soir.
Vendredi, c'est journée en ville, on est a Dalanzadgad, une des ville les plus au sud du pays, proche de la frontière chinoise. C'est jour de Naadam ici, on va voir les activités, les autres sont contents de voir ça; en ayant vu celui d'UB, je n'y trouve que guère d'intêret. Le ciel est nuageux et le vent souffle fort, on est dans un vrai brouillard de poussière, c'est plutôt désagréable et aura même droit à quelques gouttes de pluie et une vraie douche!! En fin de soirée, on rentre aux gers après un petit tour en ville pour aller voir un concert....de Boys Band Mongol qui chantent en playback. On est à peine arrivé que des touristes dormant au même endroit arrivent en urgence car l'un d'un s'est pris une capsule de bière dans l'oeil en l'ouvrant (trop de pression) et fait une hémorragie intra-oculaire. Julie, une québequoise et infirmière, l'ausculte rapidemment, fait les premiers tests de vision, et lui dit que c'est mieux d'aller se faire voir à l'hopital....c'est vraiment pas de chance...en plein milieu du désert à plus de 500 km d'UB...Il prendra l'avion le lendemain matin pour la capitale. Du coup, en attendant qu'ils reviennent de l'hopital, je passe le reste de la soirée à discuter avec Jaehong, un coréen qui étudie la médecine tradionnelle chinoise. C'est super intéressant de savoir comment ils l'apprennent et de pouvoir comparer, ainsi que de savoir comment ça se passe au niveau médical et vétérinaire en Corée du Sud; ça l'a fait bien marrer que j'ai des planches d'acu en voyage!! En souvenir, il me donnera des aiguilles d'acu coréennes!
Le lendemain, on part pour le parc national de Gurvan Saïkan, on doit y voir une vallée glacière avec un glacier mais à cette période de l'année c'est juste un petit ruisseau, cependant cette chaine de montagne est une oasis au milieu du désert: c'est très vert et il y a pleins d'animaux, dont l'Argali, sorte de mouflon français. J'abandonne mes petits camarades pour grimper jusqu'à un col, puis un petit sommet d'où j'ai une vue magnifique. En fin d'aprés-midi, on arrive aux dunes de sables de Khongoriin Els: c'est un long cordon de dunes qui s'étend sur plus de 185 km de long, seulement quelques km de large et jusqu'à plus de 100 m de hauteur, coincé dans une plaine désertique entre deux chaines de montagnes. Je n'aurai malheureusement pas le temps d'aller me promener jusqu'en haut des dunes car on est arrivé trop tard. Dimanche matin 6h, on a droit a une petite balade à dos de chameau, c'est super confortable! Puis, on commence notre remontée vers le nord, et toujours autant de route, j'admire ceux qui osent s'aventurer dans cette région à pied ou à vélo!!
Le dernier soir, on a retrouvé les belles steppes verdoyantes, le lieu où l'on dort est superbe, près d'une petite montagne...à peine arrivé, je pars m'y promener d'abord jusqu'à une petite grotte puis jusqu'au sommet. Dans un coin de rocher, il y a un énorme nid d'aigle mais en cette saison il est vide. La semaine aura était intense et fatigante aussi, du fait les longues heures de route tumultueuses, mais c'est à ce prix que l'on peut voir de beaux sites et parcourir les immenses paysages de Mongolie! Et si on regarde sur une carte, je n'ai visité qu'un tout petit bout de ce grand pays!!
Après le désert, je pense partir pour le Nord-Ouest, vers le lac Khövsgol avant la fin de la semaine pour y faire une randonnée à cheval.
Bayarta !!
PS: Le symbole que l'on appelle "croix gamée" chez nous a une toute autre signification en Asie. Les gens le porte en bijou ou tatoué sur la main ou même sur les animaux. Pour une explication plus détaillée, allez voir ce lien:
http://www.le-saviez-vous.fr/2011/05/la-croix-gammee-lorigine-du-symbole.html